Véronique
Walter

Olga  Kiev (Ukraine) • née en 1989

Elle avait dit venez comme vous voulez, ça n’a pas d’importance, je peins ce qui se dégage des gens et pas les gens eux-mêmes. J’ai quand même mis ma jupe préférée et elle m’a peint avec cette jupe qui m’accompagne depuis que je suis partie d’Ukraine : je l’ai achetée pendant l’escale à Oslo, premier achat à l’étranger, car elle m’a fait penser aux travaux de Sonia Delaunay, et je me suis changée dans les toilettes de l’aéroport pour avoir l’air d’une étudiante en histoire de l’art, ce que j’allais être en atterrissant à Paris. J’étudie la Renaissance italienne, plus spécifiquement l’arrivée du paysage dans le portrait de la Renaissance italienne. J’ai obtenu une bourse pour trois ans en France. Notre professeur nous a proposé un voyage d’études à Lausanne, à l’Hermitage, et c’est là que j’ai rencontré la peintre. Elle promenait son chien dans le parc autour du musée, elle m’a dévisagée puis elle m’a tendu sa carte en disant qu’elle cherchait des modèles. Voilà, j’ai décidé de rester pour poser pour elle et elle m’a trouvé un petit job au musée de zoologie : je classe des collections, des collections d’insectes ! Je vais rester là trois mois. Je ne gagne pas grand chose, mais je dors et mange chez elle le soir, je ne dépense pas grand chose non plus. J’aime le Flon, ce quartier qui bouge, les rues qui descendent vers le lac, les étudiants de l’ECAL et de l’Unil, le Palais de Rumine. Lausanne, c’est sa ville, mais ça devient un peu la mienne, même si elle m’a peinte sur fond de China Town. Il paraît que les cases derrière moi, c’est un supermarché asiatique de Londres. Elle mélange tout, cette femme. Moi, je ne suis encore jamais allée à Londres.